Tuesday, September 12, 2006

Pucamarka

Oui C'est bien ici que Tupac Yupanqui allait devoir affirmer la suprématie de sa panaca son lignage sur les Incas, de ces derniers sur tous les peuples, celle de son autorité sur tous.

Père et Grand-Père avaient vue sur la grande place Aukaypata, mais lui ne pouvait y prétendre. Son frère ainé d'abord pressenti au rôle de dauphin et annoncé partout en cette dignité avait fait construire avec l'aide de leur père le Grand Palais la Hatun Cancha. Cela faisait cinq ans d'ailleurs qu'il co-régnait avec le grand mythe vivant "Pachacutec". Celui qui avec l'aide d'Inti le dieu Soleil avait réalisé l'impossible, avait vaincu la terreur meurtrière défferlant des royaumes de l'Est et du Nord. Trois armées gigantesques, jugées invincibles. Celle qui, certaines de leur écrasante supériorité, s'étaient déjà vu dominer toute la cordillère des hauts plateaux du Sud au Huallaga, broyant au passage Quechua et Incas. Même le valeureux Grand Père Tecse Wiracocha semblait s'y être résolu, sans parler de cette gouape d'Urcos, ce pleutre visqueux, veule, cupide, cruel près à vendre le royaume pourvu qu'on lui garde une place de gouverneur obséquieux aux pieds des nouveaux maîtres Chancas.
Cusi Yupanqui l'inflexible, le héros personnifié avait tout réussi, là ou nul ne lui concédait la moindre chance. Il avait ridiculisé, haché menues les armées Chancas, évincé, conquis la belle Anahuarque dégoutée d'Urcos, qu'il avait tué et avait convaincu son père d'abdiquer en sa faveur. Il avait ensuite encore mis les panacas au pas, avait réformé la capitale d'abord puis le systéme et le royaume tout entier qu'il avait agrandi repoussant les frontières de celui-ci plus qu'aucun Sapa Inca n'avait pu le faire avant lui.
Amaru avait été hissé jusqu'à lui pour apprendre à règner avec lui d'abord pour lui succéder ensuite, mais la charge était démesurée.
Tupac lui avait pu croître sans cette pression. Les regards, les critiques, les analyses acérées étaient pour son aîné. Lui observait, notait les erreurs, s'essayait à tout avec une audace débridée. Partout il démontrait qu'il était meilleur que son frère.
Sa grande habileté surtout était de savoir mieux que quiconque utiliser les dons et connaissances des autres. Grâce à cela il avait pu guerroyer sans frein, même se lancer dans de très téméraires expéditions maritimes bien au-delà des mers connues.
Il s'était fait un nom sans l'ombre de son frère et hors d'atteinte de l'oeil autoritaire d'une exigence sans borne mais très limitative, presque castratrice, qui ne pardonnait rien de son père.
Amaru avait fait construire un grand palais derrière celui de leur grand père? La belle affaire, il en fera un du double de grandeur, d'une magnifiscence sans égale. Il pourra même être plus retiré encore de la grande place des cérémonies. Il le fera d'une telle splendeur, d'un tel éclat et en fera émaner un tel sentiment de puissance que nul ne pourra douter un instant du nom de celui qui serait en passe de devenir le prochain Sapa Inca et cette fois non plus d'un royaume, même grand, mais d'un véritable empire!
Son palais plus qu'aucun autre serait une véritable ville dans la ville avec ses remparts, ses ruelles, ses places, ses hauts bâtiments faits de matériaux divers, pierres parfaitements ajustées, adobes, stucages parfaits, décorés de peintures magnifique ou le rouge prédominerait d'ailleurs il l'appelerait Pucamarca le palais pourpre!

Qui lui rendra visite restera sans voix, les vêtements utiliseront les textiles des plus fins aux plus surprenant, de coton, de l'alpaga, de la vigogne, mais aussi poils et membranes de chauve souris, fourrure de viscache et de chinchilla, les parures des hommes feront sciontiller l'empire. On recevra avec des vaisselles fabuleuses, des assiettes à col d'oiseaux, canards, hiboux, perroquets, voire condors ou encore de lama, on boira dans des kherus de bois décorés somptueusement, dans des kherus de ceramiques fines voire dans des aquillas d'or ou d'argent. Nul ne sera oublié, car nul ne voudra en être tenu à l'écart, ni les vivants ni moins encore les morts et les esprits ou les dieux car ils occuperont des positions essentielles et seront l'objet de respect, de cultes et participeront à la vie quotidienne des familles et de l'empire comme aux plus grandes fêtes et cérémonies. Les sacrifices demandés seront permanent et souvent immenses. Les récompenses de dimensions jamais atteinte avant ne seront que résultantes d'une discipline d'airain et d'efforts marqués tant collectifs que personnels. Le prix de la puissance omnidirectionnelle.

Les palais et plus encore le Pucamarka auront canaux, fontaines, jardins, fleurs, arbres fruitiers, espaces pour une faune de loisirs et de découvertes, maisons, ateliers, cuisines, ruelles. Des plaques d'or et d'argent travaillé orneront les murs que veilleront gardes et défunts, idoles et servants. Aujourd'hui encore la puissance de son passé a envoûté des esprits, capturé des synergies pour le faire revivre.
Nous replonger corps et âmes dans l'époque extraordinaire de l'Inkanato.

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